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—  « Daniel, maintenant, racontez-moi tout depuis notre divorce. »

La même lampe à grosse jupe l’éclairé. Il se souvient du premier soir.

Mais tout, quand il réfléchit, est bien différent.

Germaine, d’abord, qui n’a pas encore dit une seule parole blessante, mais semble sincèrement heureuse de le revoir, l’absence de Jérôme et lui-même qui, soudain pour la première fois depuis un an et demi, n’est plus angoissé.

Thérèse réapparaît avec un plateau chargé d’une étrange et maigre salade de pommes de terre et de bouteilles de champagne.

Ils se mettent tous les trois à rire, on dirait vraiment que Germaine et Daniel rient pour la première fois ensemble avec franchise. Seraient-ils par hasard égaux.

VIII

Cette première soirée fut très agréable.

Germaine y fit preuve du plus éblouissant esprit et Daniel d’une bonne humeur, que Germaine ignorait.

Ils se trouvaient mutuellement délicieux et surtout du même bord. « Au fond, dit Germaine, nous-sommes M. et Mme Robinson, quoi qu’on fasse, une parenté bien antérieure nous unit. Il n’y a qu’avec toi que je m’amuse, les autres sont idiots et me trouvent folle ! »

—  « Moi aussi », dit Daniel.

—  « Oui, mais comme tu es fou toi-même. » Ils rient.

—  « Vivons ensemble », dit Germaine.