Page:Mireille Havet Carnaval 1922.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

En rentrant, comme le soir de la gare de Lyon, il reste devant la nappe blanche sans dîner.

Son regard cherche d’impossibles repères.

Tout est songe et passé…

—  « Tu l’as donc revue », dit la mère.

VII

Maintenant, il faut entretenir la danseuse ou se donner à son amour. L’amour ne le vaut plus. Terne clairvoyance, qu’il est dur d’y voir quand on aime. L’aveugle auquel on rend la vue, préfère mourir, en lui le monde était plus beau.

Daniel reprend la noce et la danseuse jusqu’à l’hiver. Drogues, alcools, coulisses de théâtre. Il ne veut plus songer à Germaine. La guérison s’accentue car il y est décidé, mais à mesure qu’il guérit, il se transforme.

Abandonnant son amie en rêve, il la retrouve inconsciemment dans l’imitation qu’il fait d’elle-même.

Bon élève, en vérité. Germaine ne le gêne plus ou à peine, parce qu’il joue à être Germaine.

De courtes liaisons se succèdent.

Daniel est un homme sûr de lui, qui se souvient par à-coup d’une femme extraordinaire.

Le temps passe.

Toujours son image est en lui, comme autrefois l’image de la nature.

« Je l’ai quittée bien légèrement, pense-t-il, point d’honneur ! Maintenant, je serais plus facile, quand on aime, on a plus d’honneur et l’amour doit l’emporter. J’étais jeune, je ne savais pas, j’ai été bien sévère pour elle et je lui rendais la vie impossible. Cependant, on aurait pu être