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Germaine, quel mal tu me fais.

Qui aurait dit, tu criais dans mes bras : « Prends-moi, je suis à toi, je t’appartiens. » Hélas, quelle dureté me préservera jamais maintenant de semblable méprise.

Mon âme et mon corps donnés contre le jeu de cette femme.

Les Champs-Élysées, les projets, les confidences, les nuits, les livres, les poèmes et toujours, toujours, l’humiliation, la déception, la souffrance… Toujours ce goût de larmes, toujours ces sanglots.

Qui saura mon calvaire.

Cette nouvelle Passion, ce chemin de croix sous des sourires, des musiques et des fards.

Cet assassinat sous des pitreries et des culbutes. Quelle chute.

Auvergne – Venise, Venise.

Mon amie, non mon ennemie, heureuse ? et ici, les montagnes murées sur mon agonie, sur ce délabrement de la chair, du désir de l’amour trahi.

Mais que dire à cette Germaine. Que dire à cette entraîneuse mortelle, que lui demander de plus, je connais son âme et je sais que rien ne me reste, c’est un marécage où l’on s’enlise.

Coucher avec elle, en sachant que chaque mot, chaque caresse fut prodiguée à tant d’autres, à l’autre, là-bas.

Mon Dieu, à quelle prostituée, pour ce jeu divin de l’amour, me suis-je adressé, à quel monstre avide de larmes et de jeunesse fauchée. Je suis mangé, je suis broyé, les crocs s’enfoncent, je saigne, ma chair éclate et la mort retarde toujours… un peu d’espoir luit, le jour ? Et puis, une nouvelle déchirure et toutes les plaies resaignent, la mort, non pas encore. « il faut être en lambeaux pour bien mourir. Les cœurs sont faits pour être brisés, dit Wilde, et le pire serait