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III

Le lendemain, la lettre arriva.

Daniel, très las de sa nuit d’insomnie, devait dormir à l’heure du courrier, car il vit l’enveloppe sous la porte. Sans penser, il la prit.

L’écriture le remit dans sa peine, une angoisse l’avertit ; l’enveloppe, en effet, était bien de Germaine, la lettre de Jérôme :


Venise, le 15 juin.
« Monsieur,

« Germaine me prie de vous écrire pour vous avertir que vos lettres quotidiennes l’importunent. Elle est, Dieu merci, heureuse près de moi. C’est bien mon tour, avouez-le. Soyez donc aussi résigné que je le fus, lors de votre règne, moins légitime cependant que le mien. Et croyez, monsieur, sans rancune, à ma très cordiale sympathie.

« Jérôme. »

« Germaine n’est pas séquestrée, mais d’accord avec moi, la vie très paresseuse qu’elle mène ici l’empêche, seule, de vous écrire elle-même. »


Dans la même enveloppe, une carte du Pont des Soupirs, en bleu nuit, était jointe, avec au verso, écrit le plus gros possible et en travers :

« Tout est jeu ».

« Germaine. »