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Odieux moyen. J’en ai bu, j’en ai respiré, l’odeur la ressuscitait mieux encore que le feu de bois.

Toute l’angoisse, le poison du petit salon me prit à la gorge dès la première bouffée.

La froide, la cruelle odeur.

On est mort et l’on est éveillé, l’on délire sans perdre conscience des malheurs de la vie.

On est harcelé par ses malheurs, mués en idée fixe, avec en moins, la volonté de les vaincre.

C’est une lutte effroyable et qui pourrait devenir sanguinaire, tant on a, comme Maldoror, envie d’être cruel avec passion.

Se déchirer le visage.

Dans la nuit de la petite chambre, seul, ah ! tellement seul, avec le flacon infâme, vautré comme un homme ivre, sur le lit, je descendais aux enfers.

Moi, je connais l’enfer.

C’est là que gît ma bien-aimée et qu’elle m’écrit, penchée sur une flamme qui meurt. Il faut toujours qu’elle recommence et moi j’attends.

Le vent du ciel éteint la flamme où est écrit « Je meurs d’amour ».

Je suis trop haut dans la montagne. Creusons ! Germaine, ton petit visage brille au fond comme un miroir.

Par la fenêtre entraient les bouffées fraîches de la nuit, le vent d’un seul coup embrasait mon visage, et je me sentais flamber comme une torche, debout ! Si bien, qu’avec Rimbaud, je criais :

« Je suis caché et je ne le suis pas.

« C’est le feu qui se relève avec son damné. »