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Daniel entend dans l’escalier leurs rires, puis le ronflement de la voiture.

— « Ma petite Thérèse, dit-il, décidément, nous sommes faits pour jouer les Cendrillons, tous les deux. »

Le salon, durant leur absence, a été transformé par les soins de Thérèse en un joyeux capharnaüm. Toutes les robes de Germaine s’y pâment sur des chaises, comme les femmes de Barbe-Bleue. Les souliers dansent sous les fauteuils, tandis que, sur la queue du piano, s’écroulent de délicates chemises non loin des zibelines et des renards. Au milieu, deux malles sont accroupies que Thérèse gave, en monologuant :

« Là, les bas de madame. Maintenant, les chemises. Où sont donc les petits pantalons ? Que monsieur regarde donc dans le troisième tiroir de la chambre. Maintenant, les mouchoirs. »

Daniel, revêtu d’un pyjama de Germaine, « que madame mettra dans le sleeping » a décidé Thérèse, aide de son mieux malgré son mal de gorge. Il se sent merveilleusement abruti, la quinine lui bourdonne aux oreilles.

Il est presque heureux.

Dans cette maison désordre, il ne retrouve rien de l’ancienne atmosphère, l’enchantement lui paraît détruit, et peut-être préfère-t-il perdre Germaine par un départ réel que vivre dans la même ville sans la voir. Le malheur est qu’elle aille retrouver Jérôme ; en ce moment il n’y songe pas, aucune explication n’ayant eu lieu.

Il se couche dans la chambre rouge, au milieu du lit frais.

— « Monsieur ne sait pas, dit Thérèse, qui continuait ses malles, que, quand monsieur le comte est revenu, j’avais caché le pyjama de monsieur, bien roulé derrière le coffre-fort. Mais voilà-t-il pas que monsieur le comte l’a trouvé ; Quelle scène ! Madame en rit encore. — À qui