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VII

Quelques jours après, Jérôme revint.

C’est Thérèse qui en avertit Daniel à voix basse, dans l’embrasure de la porte :

—  « Que monsieur ne revienne plus surtout, avant que madame n’écrive. »

Il ne revit pas Germaine.

La veille encore, ils avaient passé la nuit ensemble et Germaine avait semblé presque amoureuse. Docile et passionnée dans ses bras, elle criait : « Prends-moi, je suis à toi. Toi seul m’émeus, je n’aime que ton corps, que ton amour. Comment peux-tu souffrir, mon Daniel, tu serais si heureux au contraire, si tu savais combien je t’appartiens. Tu es mon enfant. Toute ma chair te reconnaît, toute ma chair te désire. »

Et le lendemain, encore tout alangui par cette nuit merveilleuse, voici qu’on le renvoyait par la femme de chambre.

Longtemps, il attendit une lettre qui ne vint jamais. Alors, il se mit à sortir, à voir des femmes, à faire la noce. Montmartre lui prit toutes ses nuits. Il s’éreintait exprès dans cette basse orgie espérant y laisser son amour.

Jamais il n’a autant souffert de sa jalousie, car il sait maintenant comment Germaine se donne. Il connaît sa chair, les mots qu’elle dit, le son de sa voix. Son imagination précise la lui présente chaque nuit dans les bras de Jérôme, le même lit, les mêmes transports, la chambre rouge.

Il voit tous les détails, sent dans ses bras le