Page:Mireille Havet Carnaval 1922.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui disent l’heure, à Paris, mieux que les montres.

Les voitures, le pas monotone du piéton qui revient du théâtre, avec un gros cigare, la porte cochère, peut-être Thérèse se lève, prête à ouvrir,

— « Elle ne peut tarder », dit Daniel.

Plus que tout, il redoute la solitude ; car un soir, très inquiet du retard de Germaine, Thérèse étant montée, se coucher parce qu’elle était très lasse et lui se promenant seul dans l’appartement désert, il avait cherché, pour distraire son impatience, un indice quelconque, peut-être l’invitation de cette soirée malheureuse.

Il avait fouillé le secrétaire, les tiroirs, désordres pleins de lettres, au hasard il en avait lu quelques-unes.

Jusqu’alors, il n’avait jamais songé que Germaine puisse le tromper.

Ce fut une déception bien basse.

Au retour, elle s’étonna de son changement. Il y eut une scène odieuse qui dura « jusqu’aux voitures de laitiers ». Il fut insulté, giflé.

Une petite pluie fine tombait sur un petit jour de condamnation.

Il finit par s’endormir contre elle, tremblant de fièvre, alors elle dit en se retournant :

— « Quand on est malade, mon petit Daniel, il vaut mieux rester chez soi. »


— « Tu t’abrutis avec cette femme, dit à Daniel son meilleur ami. Tu ne vois pas comme tu changes. Tu travailles ? oui, des poèmes. Ils te tiennent tant au cœur, dis-tu, que jamais tu ne les publieras. Belle affaire, cette femme est ton minotaure. Tu devrais passer quelques jours à la campagne. »

— « Assez tôt nous nous séparerons, répond-il. Son mari lui télégraphie, à chaque instant, pour qu’elle le rejoigne à Venise. Incessamment