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C’est l’heure d’une seconde et sinistre métamorphose.

·   ·   ·   ·   ·    · Ô prodige à confondre
La plus haute raison ! Albertus sentit fondre
Les appas de la belle et s’en aller les chairs.
Le prisme était brisé. Ce n’était plus la femme
Que tout Leyde adorait, mais une vieille infâme,
Sous d’épais sourcils gris roulant de gros yeux verts.

. . . . . . . . . . . . . . .

Quand il se vit si près de cette mort vivante,

Tout le sang d’Albertus se figea d’épouvante.

Mais il ne peut plus fuir, il appartient à la sorcière et au démon. Véronique l’emmène au sabbat.

·   ·   ·   · Ils vont, ils vont comme le vent de bise.
La terre sous leurs pieds file, rayée et grise ;
Le ciel nuageux court sur leur tête au galop.
À l’horizon blafard d’étranges silhouettes
Passent. — Le moulin tourne et fait des pirouettes ;
La lune en son plein luit rouge comme un fallot ;
Le donjon curieux de tous ses yeux regarde,
L’arbre étend ses bras noirs ; — La potence hagarde