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sur la croupe de l’animal, et la secousse semble lui donner des ailes. Zéphire galope pour la première fois de sa vie. Lucas veut crier, deux bras l’entourent et le serrent fortement : le pauvre villageois croit avoir le diable en croupe. Mais un éclat de rire le rassure. Il tourne la tête, risque un œil et voit, au lieu du diable, un jeune homme dont la mise est un peu en désordre, mais dont le visage n’a rien d’effrayant.

— Morgué, monsieur, il faut l’avouer que vous m’avez fait une fière peur !

— N’est-ce pas, mon gros père ?

— Qu’aurait dit not’ femme, si all’ m’avait vu revenir mort à la maison ?

— Parbleu ! elle se serait consolée.

— Oh ! ça, c’est possible !

Et le dialogue continue sur le dos de Zéphire. Soudain le galop de plusieurs chevaux se fait entendre. — C’est moi que l’on poursuit ! s’écrie le jeune homme. Il bourre de coups la monture de Lucas ; mais Zéphire, qui n’est pas habituée à un pareil traitement, se livre à une noble fureur. Elle regimbe,