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l’Automne, et vingt autres chefs-d’œuvre, parmi lesquels il ne faut pas oublier de mentionner cette magnifique Ode à Byron, de laquelle Châteaubriand disait :

« — Cela vaut mieux que tout mon Génie du Christianisme. »

Écoutons le prélude de ce combat sublime, où le poëte de la foi lutte corps à corps avec le poète du doute et du désespoir :

La nuit est ton séjour, l’horreur est ton domaine :
L’aigle, roi des déserts, dédaigne ainsi la plaine ;
Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés
Que l’hiver a blanchis, que la foudre a frappés,
Des rivages couverts des débris du naufrage,
Ou des champs tout noircis des restes du carnage :
Et tandis que l’oiseau qui chante ses douleurs
Bâtit au bord des eaux son nid parmi les fleurs,
Lui des sommets d’Athos franchit l’horrible cime,
Suspend aux flancs des monts son aire sur l’abîme,
Et là, seul, entouré de membres palpitants,
De roches d’un sang noir sans cesse dégouttants,