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Il ne vous manquait plus, parbleu, que d’avoir des haines politiques[1].

  1. Les tendresses orléanistes de M. Janin sont connues. Il doit à Louis-Philippe ce ruban rouge qu’il était si malheureux de ne pas avoir. Une fois décoré, Jules n’eut plus qu’une préoccupation, celle de se faire pardonner son ruban par des amis jaloux. Il rencontre un jour Théodose Burette, professeur d’histoire, et dit : « Ah ! çà ! pourquoi ne portes-tu pas ta croix ? Tu la mets dans ta poche sans doute pour faire la cour au National ? — Tu m’affliges, répond Burette. Je ne suis pas décoré. — Par exemple ! toi ! le seul homme qui sache l’histoire de France ! Demande une audience au ministre, je t’accompagnerai. Tu auras le ruban, j’en fais mon affaire ! » Huit jours après, ils s’en vont bras dessus bras dessous à l’instruction publique. Jules est admis le premier à l’audience de M. Villemain. Il reste une heure avec le ministre et dit à Burette en sortant : « L’affaire est dans le sac, mais j’ai eu un mal ! Remercie bien le ministre au moins ! » Introduit à son tour, le professeur se confond en actions de grâce, et M. Villemain de répondre avec un ton de glaciale impertinence. « Que signifie tout cela ? M. Janin ne m’a pas dit un mot de vous. Allez, monsieur ! » Burette en fit une maladie. Jules a toujours affirmé qu’il avait eu la parole du ministre. Cela n’a rien d’impossible.