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Il n’a pas eu le moindre accessit au concours ; mais il possède admirablement son Voltaire, et si jamais un Nicolardot[1] quelconque lui tombe sous la

    qu’on raconte. Un matin de très-bonne heure, après un grand bal donné par le prince des critiques, bal où on l’avait vu danser vingt contredanses avec la belle marquise de La C***, et où, devant cent personnes, il avait frappé sur le ventre de ce vieux satyre de Bosio, en l’appelant papa, un homme entre chez lui, pâle, bouleversé, les vêtements en désordre : c’est Lacenaire. Il a pu facilement pénétrer chez Janin. Quelques joueurs attardés sont encore au salon. Jules frissonne. La figure de son ex-camarade de classe trahit un dessein sinistre. Mais il ne perd pas la tête et dit au visiteur : « — Si tu n’en veux qu’à ma bourse, sois le bienvenu. Il me reste cent francs, nous allons les partager ensemble. » Lacenaire, à quelque temps de là, disait au juge d’instruction : « — Janin a bien fait de se montrer bon enfant, sans quoi je le tuais, pour le punir d’être riche et célèbre. »

  1. Cet écrivain a eu l’audace de prétendre que Voltaire ne doit pas être canonisé, que cela ferait tort à l’Église, et que, de plus, au XVIIIe siècle, il y a eu,