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Exemple :

Il est un gras bourgeois retiré des affaires ;
Il a dans le commerce appris les mœurs austères,
Clouant sur sa figure un sourire hébété.
N’ayant tête ni cœur, ignorant toute chose,
Et ne distinguant pas un chardon d’une rose ;
Dormant, mangeant, buvant, et, pour se porter bien,
Ne vivant pas trop vite et ne pensant à rien.
Il ne lit qu’un journal, il digère à merveille,
Et sa riche santé se voit à son oreille ;
Il fait sonner bien haut l’orgueil de ses écus,
Qui règnent à la place où manquent les vertus.
Cuirassé d’égoïsme, il végète, il engraisse,
Et nulle émotion ne trouble sa vieillesse.
La charité, les arts, il ne les connaît pas,
Et, s’il pleure, ce n’est qu’aux drames de Dumas.
Tous les jours sont pareils en sa stupide vie.
Il possède enfants, chien, chat, femme et parapluie.
Bourgeoisement il vit et meurt bourgeoisement ;
Pauvre dans sa jeunesse, et vieux dans la fortune ;
Tour à tour épicier, maire de sa commune…
Et l’on bat le tambour à son enterrement[1] !

Tous ces bourgeois-là, nous devons en

  1. Henri Cantel, Journal des Bains, numéro du 15 avril 1854.