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Ceins ta couronne, monte sur ton piédestal, et jette un regard de mépris sur ce troupeau d’hommes grossiers et vulgaires, qui mangent sans faim, boivent sans soif, aiment sans amour, passent la moitié de leur vie à détruire leur santé par des excès, et veulent consacrer ensuite l’autre moitié à la rétablir.

Mais il n’y parviennent pas.

Avec la santé se perd l’intelligence, et ce qu’il y a d’affreux, ce qu’il y a d’épouvantable ici-bas, quand on est illustre, c’est d’assister aux funérailles de sa gloire.

Dieu a créé le poëte avec la plus radieuse émanation de son essence.

Il en a fait un ange de lumière, un fanal vivant. Cette clarté qui vient d’en