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qu’il sème de temps à autre çà et là, par caprice ou par distraction, une lassitude prématurée, qui ne tient ni à son talent ni à son âge. Il s’endort dans une gloire dont la floraison a été trop hâtive : le fruit tombera bientôt et ne sera pas servi à la postérité, s’il n’a soin de le faire mûrir à la chaleur du travail.

Allons, poëte, relève-toi, la France te regarde ! Tu as encore de nombreux printemps et de la sève.

Quand j’ai passé par la prairie,
J’ai vu, ce soir, dans le sentier,
Une fleur tremblante et flétrie,
Une pâle fleur d’églantier.
Un bourgeon vert à côté d’elle
Se balançait sur l’arbrisseau ;
J’y vis poindre une fleur nouvelle,
La plus jeune était la plus belle :
L’homme est ainsi, toujours nouveau.

C’est vous, monsieur de Musset, qui