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Ces murs silencieux, ces autels désolés,
Que pour l’éternité ton souffle a dépeuplés ?
Que te disent les croix ? que te dit le Messie ?
Oh ! saigne-t-il encor quand, pour le déclouer,
Sur son arbre tremblant, comme une fleur flétrie,
Ton spectre dans la nuit revient le secouer ?
Crois-tu ta mission dignement accomplie,
Et, comme l’Éternel à la création,
Trouves-tu que c’est bien, et que ton œuvre est bon ?

Tout cela est sublime, nous en faisons l’aveu ; mais Voltaire est mort, et le christianisme ne l’est pas.

Les temples de nos aïeux sont debout, les autels ont leurs prêtres, la croix n’est renversée ni dans nos villes ni dans nos campagnes, et vous pouvez, si bon vous semble, monsieur de Musset, vous agenouiller et prier devant elle.

Eh ! bon Dieu, qui pense aujourd’hui à Voltaire ? quelque sot ignorant en retard d’un demi-siècle, un épicier parvenu de