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qu’importe ? Trouve une vérité qui le remplace ou qui puisse comme lui donner des consolations à l’humanité souffrante.

M. de Musset va nous répondre :

Ne voyez-vous pas que ceci est une fiction ? J’avais besoin de simuler la ruine du christianisme pour en accuser Voltaire et lui dire une bonne fois ma façon de penser à son égard.

Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire
Voltige-t-il encor sur tes os décharnés ?
Ton siècle était, dit-on, trop jeune pour te lire ;
Le nôtre doit te plaire, et tes hommes sont nés.
Il est tombé sur nous, cet édifice immense
Que de tes larges mains tu sapais nuit et jour.
La mort devait t’attendre avec impatience
Pendant quatre-vingt ans que tu lui fis la cour ;
Vous devez vous aimer d’un infernal amour.
Ne quittes-tu jamais la couche nuptiale
Où nous nous embrassez dans les vers du tombeau
Pour t’en aller tout seul promener ton front pâle
Dans un cloître désert ou dans un vieux château ?
Que te disent alors tous ces grands corps sans vie,