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Ô Christ ! je ne suis pas de ceux que la prière
Dans les temples muets amène à pas tremblants ;
Je ne suis pas de ceux qui vont à ton calvaire,
En se frappant le cœur, baiser tes pieds sanglants.
Je ne crois pas, ô Christ ! à ta parole sainte ;
Je suis venu trop tard dans un monde trop vieux.
D’un siècle sans espoir naît un siècle sans crainte ;
Les comètes du nôtre ont dépeuplé les cieux.
Maintenant les hasard promène au sein des ombres
De leurs illusions les mondes réveillés ;
L’esprit des temps passés, errant sur leurs décombres,
Jette au gouffre éternel tes anges mutilés.
Les clous du Golgotha te soutiennent à peine ;
Sous ton divin tombeau le sol s’est dérobé :
Ta gloire est morte, ô Christ ! et sur nos croix d’ébène
Ton cadavre céleste en poussière est tombé.

Où donc le poètes a-t-il vu cette mort du christianisme, décrite par lui en si beaux vers ? dans la fièvre de son délire sans doute. Et ce délire, qui l’a produit ?

Nous croyons à l’inspiration quand elle est fille du recueillement, celle de M. de Musset nous paraît avoir une autre origine.