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CARLOS, lui mettant la main sur la bouche. — Tu es mort, silence ! J’en sais assez. (Il lit.) Elle t’a elle-même remis cette lettre ?
SAINT-MÉGRIN. — La duchesse de Guise ! (Lui mettant la main sur la bouche.) Tais-toi ! je sais tout. (Il lit.) Elle-même t’a remis cette lettre ?
LE PAGE. — De sa propre main.
ARTHUR. — Elle-même.
CARLOS. — Ne te joue pas de moi ! Je n’ai rien lu écrit de sa main. Si c’est un mensonge, confesse-le avec franchise, et n’essaye pas de me tromper.
SAINT-MÉGRIN. — Jeune homme, ne cherche pas à m’abuser ! Je ne connais pas son écriture… Avoue-le moi, tu as voulu me tromper.
LE PAGE. — Vous tromper !
ARTHUR. — Moi, vous tromper !
CARLOS relit. — « Cette clef ouvre les appartements derrière le pavillon de la reine… » Ce n’est point un rêve ! ce n’est point un délire ! Oui… voici ma droite, voici mon épée, voici des syllabes écrites en ce billet, tout cela est réel. Je suis aimé… je le suis… je suis aimé !
SAINT-MÉGRIN. (Il lit.) — « L’appartement de madame la duchesse de Guise est au second, et cette clef en ouvre la porte… » C’est bien à moi, pour moi ! Ce n’est point un songe… Ma tête ne s’égare pas… Cette clef, ce papier, ces lignes tracées, tout est réel !… Je suis aimé… aimé !…
LE PAGE. — Prince, ce n’est pas ici le lieu… Vous oubliez…
ARTHUR. — À votre tour, comte, silence !