C’est la dernière patrouille. On ne nous croit pas ici… Les dragons gardent tous les chemins et toutes les sentes qui mènent au Pré-du-Roy !… nous ne serons pas dérangés !…
Ne crains-tu pas qu’en allumant les lanternes que tu as apportées…
Non… Nous sommes loin de la ville, loin des postes… Et c’est là-bas qu’on nous surveille !… D’ailleurs, il n’y aura pas de lune, ce soir… Il faut bien qu’ils te voient… qu’ils puissent voir mon Jean… quand il leur parlera… (Jean s’assied sur une marche, songeur, Madeleine va couper quelques branches, et dispose ensuite les lanternes sur la plate-forme du calvaire.) On dirait d’une fête !…
Une fête !… (Silence.) Pourvu qu’ils viennent ?
Ils viendront !… (Ayant fini, elle vient près de Jean debout.) Oh ! je t’en prie, ne sois pas nerveux, agité !… Fais un grand effort sur toi-même !… Du calme ! je t’en conjure !… En attendant qu’ils viennent, veux-tu marcher encore un peu !…
Non… non… j’aime mieux être près de toi !… assieds-toi près de moi… donne-moi tes mains ?…