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Maigret

N’exagérez rien, monsieur ! Ils ont pensé qu’en l’empêchant de partir… ils auraient près de vous quelqu’un qui leur serait utile… qui plaiderait leur cause… qui finirait peut-être par vous arracher des concessions… Enfin, M. Robert est une nature généreuse et droite !…

Hargand

Mais d’une exaltation qui me fait peur !… Son âme est un volcan… il y bouillonne… il y gronde d’étranges laves !…

Maigret

Ne vous alarmez donc pas ainsi !… Votre fils a un sentiment profond de son devoir !…

Hargand

Oui… mais où croit-il qu’est son devoir ? Je n’en sais rien ! (Silence.) Ah ! tenez, mon cher Maigret… moi aussi, je suis troublé… mécontent de moi-même… mon cœur est dévoré d’angoisses !… Je me demande si j’ai bien fait tout ce qu’il y avait à faire !… s’il n’y avait pas autre chose à faire… pour ces pauvres bougres, après tout !…

Maigret

Ce n’est pas l’heure, monsieur, de vous poser ces questions… Vous avez, et nous avons tous besoin de votre fermeté d’âme… de votre grand esprit de décision !… Et je vous le dis, moi !… Vous êtes sans reproche vis-à-vis de vous-même !… Tout ce qu’il est possible de faire, vous l’avez fait !… Voyons !… existe-t-il, en France, une maison où le travail soit aussi