Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hargand

Vous en êtes certain ?

Maigret

Oh ! certain !

Hargand

Et dans quel but ?… (Maigret fait un geste par où il exprime qu’il ne sait rien de plus.) Depuis que les grévistes le ramenèrent aux cris de « Vive Robert Hargand !… », de la gare, où, sur mon ordre, il partait, jusqu’ici, où il est resté leur prisonnier… Robert semblait avoir compris la situation anormale et honteuse où ce coup de main le mettait vis-à-vis d’eux, et vis-à-vis de moi… Mais… en effet… hier, je l’ai trouvé plus agité que de coutume… plus sombre aussi !… J’ai cru, à plusieurs reprises, qu’il avait quelque chose à me dire… Il ne m’a rien dit !…

Maigret

Peut-être a-t-il tenté, près de Jean Roule, une démarche de conciliation !…

Hargand

Elle me serait souverainement pénible et humiliante !… (Un silence.) De toutes les tristesses de ces tristes jours, la plus profonde… Maigret… celle qui m’a laissé au cœur une blessure qui ne guérira peut-être jamais… ça été… cette affreuse… cette infernale pensée qu’ils ont eu de dresser… oh ! malgré lui… malgré lui, certes… le fils en face du père !… C’est effrayant comme un parricide ?…