fraternisé avec les grévistes… C’était prévu !… J’ai dû faire éteindre les machines.
Pas de scènes de violence, comme hier ?
Non… la nuit a été relativement calme… Hier soir, Jean Roule a réuni les grévistes dans le Pré-du-Roy… Debout, sur une table, éclairé par la lumière de quelques cierges… il leur a lu des récits populaires… des récits enflammés de massacres, de supplices, de bûchers… Puis, il les a exhortés au martyre… Quand il était fatigué, Madeleine reprenait le livre et continuait de lire d’une voix étrangement pénétrante… Soit lassitude, soit que cela ne les intéressât pas… il n’y avait là que fort peu d’hommes… La foule était surtout composée de femmes qui écoutaient, dans un grand silence… et recueillies, comme à la messe… Ils se sont retirés sans bruit ni désordre !…
Singulière et déconcertante figure que ce Jean Roule !… Dans un autre temps, c’eût été, peut-être, un grand homme… un grand apôtre…
Je ne sais pas ! Mais, dans le nôtre, c’est un dangereux coquin. Heureusement qu’il manque de sens politique et qu’il ignore ce qu’il veut et où il va !… Sans cela, avec le puissant ascendant qu’il exerce sur ces esprits faibles… ce serait une lutte plus terrible… et atroce.
Il faut redouter les mystiques… plus que les autres…