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On voit l’usine, au loin, qui, sous un ciel lourd de fumées, s’allume peu à peu, dans le jour qui tombe… Des ouvriers passent dans la ruelle, pesants, courbés… Un des enfants se met à crier…) Paul, mon chéri, tais-toi… dors…


L’enfant se tait… Alors Madeleine va s’asseoir auprès du fourneau, devant la table, allume la lampe et se met à coudre… Un ouvrier passe en chantant… Le chant décroît et se perd tout à fait… Profond silence… Entre la mère Cathiard, vieille, décharnée, un pot à la main.



Scène II

MADELEINE, LA MÈRE CATHIARD
La Mère Cathiard

Vous n’auriez pas un peu de bouillon à me prêter, Madeleine ?

Madeleine

Si, mère Cathiard… On nous en a envoyé, ce matin, du château.

La Mère Cathiard

C’est pour mon garçon… Il est rentré, tout à l’heure, avec une fièvre… une fièvre !… Pourvu qu’il ne tombe pas malade, lui aussi, mon Dieu !…

Madeleine

Mais non, mère Cathiard… Vous savez bien qu’on a toujours la fièvre ici… et qu’on ne peut pas manger…