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MADAME LECHAT, avec découragement.

C’est trop grand… Je ne peux pas m’habituer dans de si grandes bâtisses… Je m’y perds…

PHINCK

Oh !…

MADAME LECHAT

Je vous assure… Et l’entretien… les domestiques… les mille détails de surveillance et d’administration à quoi vous oblige une telle maison… (Soupirant.) Si vous saviez quel cassement de tête !… C’est bien lourd, allez… c’est trop lourd pour moi… (Triste et hochant la tête.) Voyez-vous, messieurs, cela nous est arrivé… trop tard…

GRUGGH

Qu’est-ce que vous dites là ?

PHINCK

Vous êtes trop modeste. Moi, je serais très fier d’avoir conquis tout cela par mon travail, par mes mérites… C’est admirable, au contraire…

MADAME LECHAT

Non… non… Il faut naître là-dedans… ou y venir très jeune… À nos âges… les habitudes sont prises ; on ne peut plus en changer… C’est drôle… je ne me fais pas l’effet d’être chez moi… ici… Il me semble toujours que je suis en voyage… à l’hôtel, dans un pays étranger…

GRUGGH, riant.

Ah ! ah !