Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.

PHINCK

Mais non… madame… Ne vous tourmentez pas… je vous en prie.

ISIDORE

Ils viennent pour traiter des affaires.

GRUGGH

Certainement…

ISIDORE

Des affaires énormes… des affaires de vingt mille chevaux… (Il pousse Phinck et Gruggh sur le fond du théâtre. — D’une voix plus basse.)… Ne faites pas attention à ce que dira ma femme… C’est une bonne femme… mais elle n’a pas d’usage… (Revenant sur le devant de la scène.)… Ah ! les grosses affaires… où l’on brasse les hommes à pleines foules… et les millions à pleines mains… les millions des autres… hé ?… les travaux gigantesques… les ponts… les ports… les mines… les tramways… j’aime ça. C’est ma vie… (À Phinck.) Crois-tu que nous allons les enfoncer, tes compatriotes, les Suisses… (À Gruggh.)… et tes amis, les Allemands ?… Ils se proclament les Rois de l’Électricité… Eh bien… ils ne me connaissent pas encore… Regardez ce château… Il fut bâti par Louis XIV… Toute la Cour, toute la fripouille aristocratique… y défila en habits de soie et de velours… Ça les a bien avancés !… À qui appartient-il aujourd’hui… ce château royal ?… À un prince ?… Non… À un duc ? Non… À un prolétaire… à un socialiste…

GRUGGH ET PHINCK

À Isidore Lechat !…