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détails de maison… Ah ! tu fais bien de ne pas te marier… Tu aurais un joli ménage… Je ne te donnerais pas deux ans, avant d’être complètement ruinée… (Germaine rit et se redresse sur la chaise longue.)… Je ne sais pas pourquoi tu ris… Il n’y a là rien de risible, en vérité…

GERMAINE

Veux-tu que je pleure ?… (Elle rattache ses cheveux où le peigne a glissé.)… C’est mieux dans mon genre…

MADAME LECHAT

On ne peut pas parler… sérieusement… deux minutes… avec toi… (Un petit silence.) Est-ce ennuyeux que ton père ne m’avertisse jamais… quand il ramène quelqu’un ?… Ce serait si simple qu’il téléphone… Eh bien non… (Elle soupire encore.)… Avec tout cela… j’ai envie de faire tuer un poulet… qu’en penses-tu ?…

GERMAINE

Puisque tu sais que mon père ramène toujours quelqu’un… ce qui serait plus simple… c’est que tu eusses toujours un dîner prêt.

Elle s’est levée, tout à fait, en parlant… et elle marche, le long du massif de rosiers, avec des signes d’agacement.

MADAME LECHAT

Tu arranges les choses… toi !… On voit bien que tu n’as pas la charge de la maison… Et si… par hasard… il ne ramenait personne — enfin cela peut arriver — je serais bien avancée avec mon poulet… On a beau être riche… je n’aime pas qu’on gaspille la nourriture… J’ai horreur des gâcheries…