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d’un tour de main… Je suis franc… vous le voyez… je vous le dis… Je me réjouissais à la pensée de vous prendre la terre de Porcellet… Il y a deux ans que je la considère comme mienne… C’est si vrai… que j’ai ici… dans ce tiroir… un plan… voulez-vous que je vous le montre ?… où Porcellet fait, par avance, partie de mon domaine… J’y ai biffé votre nom que j’ai remplacé par le mien… C’est drôle, hein ?… Et puis… je ne sais pas pourquoi… vous m’avez plu… vous m’avez ému… là… sincèrement… Au fond… je suis un brave homme, moi… On ne me connaît pas… j’ai du cœur… Alors… j’ai cherché un autre moyen… un moyen de tout concilier… mes affaires… mon plaisir… et votre intérêt… (Sur une protestation ironique du marquis.) Mais oui… J’ai trouvé ça… Ça n’est pas déjà si mal… Ma fille est très jolie… elle a de l’allure… de la race… elle n’est pas bête, la mâtine !… Cherchez-en beaucoup, dans votre monde… qui la vaillent… Et tâchez… de vous la représenter dans le vieil hôtel restauré des Porcellet… Une vraie princesse, monsieur le marquis !…

LE MARQUIS

Je n’ai jamais douté des qualités de mademoiselle votre fille…

ISIDORE

Eh bien, alors ?… Ne m’obligez donc pas à revenir à ma première idée… Parole !… Cela me navrerait… (Avec expansion.) Je suis dans un de mes bons jours, aujourd’hui… Profitez-en !…

LE MARQUIS, d’une voix de moins en moins assurée.

C’est impossible… C’est très difficile…