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portant fièrement, lui aussi, entre les quatre os du front, l’étoile magique du génie, il semblait qu’il eût tout, et que tout allait lui arriver, sans secousses, sans déceptions, sans luttes, par la force de la gloire acquise, gloire à laquelle on le sentait d’une âme à ajouter beaucoup d’autres gloires, et encore plus rayonnantes… Énergique et doux, enthousiaste et volontaire, beau et tendre, fastueux et loyal, il avait toutes les forces, toutes les séductions, toutes les intelligences, toutes les bontés. Mais il avait aussi toutes les illusions des cœurs purs, des cœurs trop aimants, trop aimés, trop heureux.

Trop heureux !

À vingt ans, je crois, Franz Servais remporte le prix de Rome et quitte Halle, sa ville natale, pour l’Italie. Là, il travaille avec allégresse, avec acharnement,