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considérables artistes de cette époque.

La vie de Franz Servais a quelque chose qui étonne et qui nous laisse, aujourd’hui qu’il n’est plus, entre ces deux sentiments également poignants, une grande pitié et une grande admiration. Pour bien comprendre et faire comprendre à ceux qui l’ignorent tout ce que cette vie-là — unique en ce temps de hâte et de fièvre mauvaise — eut de vraiment tragique et de supérieurement beau, il faut se reporter aux premières années de la jeunesse de Franz Servais.

Personne ne commença la vie avec autant d’espérance, sur un chemin mieux aplani. Héritier d’un nom célèbre dans toute l’Europe et populaire en Belgique, allié à une famille où le culte de l’art était la grande affaire et la seule affaire, lancé dans un monde où, tout de suite, il avait conquis des amitiés illustres,