— Regarde, lui dit-il… Regarde tout cela !… C’est Jean Roch, ton illustre ancêtre, qui restaura cette église… Je te l’ai maintes fois raconté. Ces chapiteaux, cette voûte, tout ce que tu vois, c’est de lui… Remplis tes yeux de ces nobles spectacles. Aux heures de défaillance, tu n’auras qu’à te souvenir pour être consolé, fortifié, ce que j’appelle… C’est là que moi, ton père, j’ai puisé ma force… Regarde !… Jean Roch fut un grand martyr, mon enfant… Tâche de marcher sur ses traces. Regarde ! On ne bâtit plus comme ça, maintenant.
Sébastien n’était point ému. Il n’éprouva aucun orgueil. Bien au contraire. Si habitué qu’il fût aux discours étranges, il écoutait celui-ci avec stupéfaction, souffrait de le juger si ridicule. Malgré lui, il se répétait les paroles de sa tante qui résonnaient à ses oreilles, comme un écho de sa propre pensée : « Ton père est un imbécile, tu entends, un imbécile ». Il en eut pitié. Il eût voulu lui fermer la bouche, doucement, comme à un petit enfant. Sur le parvis qu’ombrageait de leur mouvant feuillage une double rangée d’acacias, M. Roch s’arrêta, plus grave encore :
— C’est là qu’il est tombé ! prononça-t-il, en montrant le sol d’un dramatique geste… Il a versé son sang là… le sang des Roch !… Fixe bien ces lieux dans ta mémoire, afin que tu puisses raconter à tes camarades cette histoire glorieuse de notre famille… Eux aussi, sans doute, ont eu des parents tués par la Révolution. Vous évoquerez mutuellement vos morts, ce que j’appelle… Ah ! je t’envie !
La journée se passa en visites ennuyeuses, coupées d’interminables recommandations… La tante