quand mon père, qui se promenait dans le jardin, l’aperçut :
— Qu’est-ce que c’est que ça ? me dit-il.
— C’est un chien, papa.
— Je ne veux pas de chien chez moi. Je n’aime pas les bêtes.
De fait, il n’aimait ni les bêtes ni les fleurs. Je dus remporter le chien.
Mme Lecautel était la seule personne qui me plût à voir. Elle s’intéressait d’ailleurs à moi, me montrait une affection presque maternelle qui m’était une douceur, et qui me relevait un peu à mes propres yeux. Elle me fit comprendre que je ne pouvais rester ainsi, en cette dégradante paresse, et m’engagea fort à retourner au collège pour y achever mes études. Mais je m’y refusai avec une telle force, avec de telles terreurs, qu’elle n’insista plus. Alors, il fut convenu que je me destinerais au commerce, et que je ferais mon apprentissage dans le métier de mon père. Cela ne me souriait pas du tout. Cependant, je crus devoir condescendre aux désirs de Mme Lecautel. Je parlai de cette idée à mon père qui, aussitôt, sans un plaisir, sans une objection, me conduisit à son successeur et dit : « Je vous amène un apprenti. » La boutique n’avait pas changé ; elle était toujours peinte en vert ; la devanture offrait le même assemblage d’objets arrangés symétriquement ; c’étaient, à l’intérieur, les mêmes casseroles et les mêmes marmites ; dans le fond, la même porte vitrée, s’ouvrant sur la même arrière-boutique, qui s’ouvrait sur la même cour, fermée des mêmes murs suintants. Le successeur s’appelait François Trincard. C’était un petit homme