— Il est très gentil, ce gamin-là… Il a des yeux très intelligents.
Le Père Dumont secoua la tête.
— Mais si paresseux !… si paresseux ! Une nature incorrigible, un caractère insouciant… Et très mal avec ses camarades… Surtout paresseux !
— Ta, ta, ta !… Avec des yeux comme ça !… C’est qu’on ne sait pas le prendre. Je le connais, le petit Sébastien Roch… Je parie qu’avec moi, il travaillerait… Allons, venez, maître Sébastien, que je vous confesse !
Ses paroles étaient pleines de douceur et de gaieté. Elles émouvaient et faisaient rire. Sébastien les écoutait comme de la musique. Une grande paix entrait en lui, d’être avec ce Jésuite qui n’était point pareil aux autres, et qui lui disait des choses, comme il avait rêvé souvent d’en entendre, des choses qu’il comprenait, qui le ranimaient, lui redonnaient confiance. Avec une bonté indulgente, capteuse, perspicace, avec une adresse presque maternelle qui force l’expansion cordiale, appelle les confidences, le Père de Marel l’interrogeait, et Sébastien s’abandonnait à l’impérieuse joie de lui répondre, au soulageant besoin d’ouvrir ce cœur, trop violenté, trop solitaire. Peu à peu, en phrases enfantines et charmantes, d’abord lentes et timides, ensuite accélérées, précipitées, il dit ses tristesses, ses enthousiasmes, ses déceptions.
— Voyons… voyons… interrompit le Père, ému par la naïveté grave de cette passion qui s’exprimait avec une force insolite… Voyons !… qu’est-ce que vous aimeriez le mieux apprendre ?… Dites-le moi.