Page:Mirbeau - Mon ami Dupuy, paru dans L’Aurore, 23 février 1899.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le soir de l’élection de M. Loubet, je dînais, dans un cabinet de restaurant avec Dupuy. Cornély devait être des nôtres. Mais ça n’était pas son jour. Justement, ce soir-là, Cornély était dreyfusard. Si Dupuy se montra soucieux, je vous le laisse à penser… Plus que soucieux, embêté… Oui, Dupuy était immensément embêté… Dès le potage, il me dit :

— C’est embêtant !… Et je n’ai vraiment pas de chance. Non, là, vrai, ma destinée a quelque chose de constamment ironique qui m’agace et à quoi je ne comprends rien !… Comment ! voilà trois présidents de la République que je tue sous moi… Et je ne suis pas fichu de l’être moi-même !… Ce Loubet !… Je te demande un peu !… D’où sort-il encore, celui-là ?…