Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vant-z-hier, quand j’y réclamais mon dû, y m’a appelé cocu ! « Sacré cocu, qu’y m’a fait, tu peux ben t’ fouiller » . V’là c’ qu’y m’a dit, et c’était juré, mossieu l’ juge, juré, tout c’ qu’y a d’ pus juré. »

Le juge de paix était devenu très perplexe. Il se frottait la joue avec sa main, regardait le greffier, puis l’huissier, comme pour leur demander conseil. Évidemment, il se trouvait en présence d’un cas difficile.

— Hum ! hum ! fit-il.

Puis il réfléchit quelques minutes.

— Et, toi, la Gatelière, que dis-tu de ça ? demanda-t-il à une grosse femme, assise sur le banc, son panier entre les jambes, et qui avait suivi le récit de son mari, avec une gravité pénible.

— Mè, j’dis ren, répondit en se levant la Gatelière… Mais, pour ce qui est d’avoir promis, d’avoir juré, mossieu l’juge, ben sûr il a promis la d’mi-pistole, l’ menteux…

Le juge s’adressa à Rousseau.