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seulement le crucifix de cuivre et le rameau de buis bénit. Au pied du cercueil, on avait apporté une petite table sur laquelle une chandelle, en guise de cierge, achevait de se consumer tristement, et où s’étalait un pot de terre brune, plein d’eau bénite, avec un mince balai de genêts servant d’aspergeoir. Ayant fait le signe de la croix, nous jetâmes un peu d’eau sur la bière, et, sans rien dire, nous nous assîmes devant la grande table, en nous regardant ahuris.

La mère Nicolas ne tarda pas à rentrer. Elle apportait avec précaution une vaste jatte de lait qu’elle déposa sur la table en disant :

— Vous pouvez ben en boire tout vout’ saoul, allez ! Y en a pas de pus bon et de pus frais.

Pendant qu’elle disposait les bols et qu’elle tirait de la huche la bonne miche de pain bis, mon compagnon lui demanda :

— Était-il malade depuis longtemps, le père Nicolas ?