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deux voitures arrivèrent à l’Hospitalet, petit village, distant d’un kilomètre de la frontière Andorrane, et l’hiver, perdu dans les neiges. Là finit la route, qui se change en une sente caillouteuse, praticable seulement aux piétons et aux mulets.

Pendant que « nos duellistes », dans la salle de l’auberge, se chauffaient silencieux devant un grand feu d’écorces de sapin, l’aubergiste, montagnard robuste, à la face hardie de contrebandier, s’adressa à Pescaire.

— C’est vous, sans doute, messieurs, qui venez pour vous battre ? demanda-t-il.

Pescaire frémit ; Cassaire détourna la tête. Ils ne pouvaient plus entendre le mot, se battre, sans qu’un étranglement les serrât à la gorge.

— Oui, c’est nous, répondit Pescaire.

— Eh bien ! je vais vous dire, continua l’aubergiste, après s’être assuré que la porte était bien fermée et que personne ne pouvait l’entendre… Hier, il est venu d’Ax