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que tu viens faire chez moi ? Je ne veux pas qu’on ramasse mon bois mort, je ne veux pas, misérable vagabonde !… Allons, jette ma bourrée… Veux-tu bien jeter ma bourrée, quand j’ordonne !

Il saisit le fagot par la hart qui le liait, et le secoua si violemment que la femme roula avec la bourrée sur la route.

— Et qu’est-ce qui t’a permis de fouler mes allées de tes sales pieds, dis ? continua-t-il. Tu crois peut-être que c’est pour toi que je les fais ratisser, hein, mes allées, vieille voleuse ?… Veux-tu me répondre quand je te parle !

La femme, toujours à terre, gémissait.

— Mon bon monsieur, je ne vous fais pas de tort. J’avons toujours ramassé le bois… Et personne, par charité, ne nous a rien dit… Nous sommes si malheureux !

— Personne, ne t’a rien dit, riposta le féroce châtelain en brandissant sa canne… Est-ce donc que je ne suis personne, moi ? Je suis M. Lechat, tu entends, M. Lechat de Vau-