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car c’est les curés qui m’ont empêché de passer, parce que je suis libre-penseur, moi ; parce que je ne mange pas de leur bon Dieu, moi !… Ah ! ils riront, avec mon plan de combat, les calotins !…

À ce mot, Mme Lechat s’emporta et cria :

— Tais-toi… Je te défends d’appeler les prêtres ainsi et de dire du mal de la religion devant moi, tu entends… Mon Dieu ! avec lui, c’est pire qu’avec les enfants !… Ne croyez pas qu’il soit irreligieux, monsieur… mais quand il se trouve en compagnie, c’est plus fort que lui, il faut qu’il se vante… Aussi, dès qu’il a le moindre bobo, tout est perdu, et vite, vite un prêtre ! Si on l’écoutait, ce pauvre monsieur le curé serait tout le temps chez nous, en train de l’administrer, quoi !

Pour dissimuler la gêne où le mettaient les reproches de sa femme, Lechat tambourinait sur le bord de son assiette, suivait, au plafond, le vol d’une mouche, et négligemment sifflotait un air. Puis il