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tout entier à l’agronomie, ainsi qu’il disait pompeusement.

Le domaine de Vauperdu est un des plus beaux qui soient en Normandie. Outre le château, imposant spécimen de l’architecture du seizième siècle, et les réserves considérables en bois, herbages, terres arables qui l’entourent, il comprend vingt fermes, cinq moulins, deux forêts et des prairies, le tout d’un revenu net de quatre cent cinquante mille francs.

Après avoir vendu ses tanneries et corroyeries, M. Lechat vint s’installer à Vauperdu, avec sa femme qu’il avait épousée, n’étant encore qu’un pauvre ouvrier — de quoi il se repentait furieusement aujourd’hui. Mme Lechat, au même degré que M. Lechat, manquait d’élégance, d’orthographe et de grâces mondaines, mais, sous la robe de soie et le chapeau à la mode gauchement portés, elle était restée la paysanne simple, honnête, de bon sens, d’autrefois, et M. Lechat, dans sa transformation subite