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volent sous les pieds des rabatteurs et qui passent, effarés, constamment, au-dessus de votre tête. Je déteste ces tueries que pratiquent les banquiers dans leurs bois et leurs terres transformés en basses-cours ou en réunions d’actionnaires.

Les banquiers, entre autres privilèges, ont aujourd’hui le privilège de ce que l’on appelle les belles chasses. Plus on est un gros banquier, plus on est tenu d’avoir une chasse splendide. Et plus la chasse est splendide, plus on est un gros banquier : cela fait partie de la profession.

Les israélites, qui connaissent leur monde et la manière de s’en servir, triomphent à la chasse comme à la Bourse. Personne n’est plus habile à l’élevage du faisan, de même que personne ne connaît mieux l’élevage du gogo. Ce n’est point pour eux seulement affaire de luxe et de plaisir ; c’est affaire… d’affaires. La chasse est un moyen et c’est une puissance. Si une chasse coûte beaucoup à entretenir, elle rapporte en in-