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les contemplations entêtées ; de la sensitive, les exaltations, les découragements et les larmes.

Il détestait le monde parce qu’il n’y trouvait rien de ce qu’il cherchait dans la vie : des idées, des croyances, des dévoûments. Et il n’y rencontrait que des bavardages odieux, des préjugés, des rancunes, des abdications morales, des comédies d’alcôve, et des drames d’écurie, tout un scepticisme pourrissant, mal dissimulé sous l’hypocrisie des protestations timides et des lâches révoltes. Ces races épuisées, à qui, au milieu de l’effarement du siècle, il ne restait que la conception du plaisir, et qui, sans remords, sans luttes, assistaient à l’agonie définitive de leur histoire, n’étaient plus, pour lui, que les courtisans avilis du Millon cosmopolite, les pèlerins apostats de ces temples nouveaux, aux sommets desquels, brille, non pas la Croix de rédemption, mais le Chiffre d’or. Et c’était avec un déchirement de son âme tourmentée