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— Vous avez devant vous un rat de cave à cheval, continua-t-il… Vous comprenez ce que cela signifie… C’est-à-dire un être faible, obscur, pauvre… Regardez-moi… Or, aujourd’hui, pour arriver, il faut être fort, connu, riche… Il faut surtout ne pas être rat de cave… Est-ce vrai !… Que voulez-vous qu’on pense de quelqu’un qui arpente, tous les jours, la campagne, des registres sur le dos, comme un fou… de quelqu’un qui compte des bouteilles de vin, des litres de trois-six dans les caves des cabarets… qui sonde les fûts, espionne les foudres, tape familièrement sur le ventre des barriques… oui, des barriques !… de quelqu’un qui sème partout les amendes et les procès-verbaux ? Pensera-t-on jamais qu’un tel misérable puisse écrire des tragédies ?… Je vous le demande… non ?… Eh bien ! j’en écris…

Hippolyte Dougère promena autour de lui un regard de défi.

— J’en écris, répéta-t-il d’une voix