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les vieilles lisses du verger par des neuves, bâtit un hangar avec des débris de bois qu’il avait, et, quand ce fut fini, il se trouva tout penaud devant ce terrible problème : « Que faire ? » Il songea alors à élever des poules et des lapins : les poules, ça l’amuserait, il irait couper de l’herbe, tous les jours, pour les lapins, et le temps passerait. Comme c’était un brave homme, un travailleur méritant et qu’il jouissait dans le pays d’une grande réputation d’honnêteté, il eut la chance d’intéresser à son sort les maîtres du château qui l’employèrent parfois à diverses fonctions peu fatigantes, comme d’entretenir les allées, ramasser les feuilles mortes et servir de modèle à la « demoiselle » qui faisait de l’aquarelle.

Cependant, bien que, peu à peu, le père Dugué eût repris des habitudes régulières, il s’ennuyait. Il avait la nostalgie des champs. Souvent, quand le temps était beau, il s’en allait, à travers la campagne, revoir les camarades qui fauchaient ou qui