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Pendant qu’il travaillait d’un côté, sa femme allait en journée de l’autre, faire la lessive, coudre, frotter, chez des particuliers, ou bien aider à la cuisine, aux moments de presse, dans les auberges de la ville. Elle acquit à cela une véritable célébrité de cuisinière, et bientôt on ne parla plus d’une noce dans le pays, qu’elle ne fût chargée d’en combiner et d’en exécuter les plantureux repas. Fameuse aubaine, car, ces jours-là, c’était une pièce de quatre francs, en plus de la bonne nourriture et des rigolades que son corsage avenant et ses grosses joues fermes et rieuses lui valaient de la part des jeunes gens. Dugué était bien jaloux de ce que sa femme s’amusât dans les noces, surtout de ce qu’elle se régalât de poules à l’huile et de veau à l’oseille, alors que lui se contentait de soupe aux pommes de terre et de fromage, mais il ne disait rien à cause des quatre francs.

L’homme et la femme ne se voyaient donc