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très bon crottin… un peu noir… mais bon… bon.

Finalement, caressant, à sa coutume, la croupe de la jument, il disait :

— Pauvre Fidèle !… Ho ! ho ! Fidèle !

Et il s’en allait de son pas vacillant et menu…

Un matin, j’étais rentré ivre et je m’amusais – histoire de rire – à peindre en rouge la crinière et la queue de Fidèle. Le patron apparut.

Le premier moment d’étonnement passé, il eut la force de me demander :

— Qu’est-ce que vous faites là ? — Ce qui me plaît… répondis-je… Et de quoi te mêles-tu, vieux grigou ?… Moi, à mon écurie… toi, à tes éteignoirs !… Est-ce compris ? Allons… oust !

Le vieux baron appela à lui tout son courage et il me déclara solennellement :

— Votre service ne me plaît pas… Je vous donne vos huit jours… Vous partirez dans huit jours…

— De quoi ?… de quoi ?… Répète un peu… Non, là… . répète pour voir.

Je cherchai ma fourche… Mais Bombyx avait disparu. Je lui criai, tandis qu’il filait dans la cour :

— C’est bon… c’est bon… Moi aussi j’en ai assez de ta baraque… J’en ai assez de ton sale mufle… Entends-tu ?… Hé ! hé !… Entends-tu, vieux fourneau ?