en discussion, quand l’absinthe flambait dans les yeux de mes doux amis. Néanmoins, il en resta là.
Si le vieux baron, maniaque et méticuleux comme il était, se montra content de mes services, ah ! vous devez bien le penser… Il enrageait. Seulement, il n’osait pas me faire la moindre observation. À sa petite tournée réglementaire dans l’écurie, le matin, je sentais qu’il s’était bien promis de m’adresser des reproches, toute sorte de reproches… Mais, dès son entrée, je le regardais d’un œil si dur que je lui renfonçais immédiatement dans la bouche les paroles prêtes à en sortir. Alors, il tournait et retournait dans le box, mal à l’aise, avec de pauvres gestes gauches, et il balbutiait, d’une voix tremblante, quelques mots incohérents :
— Très bien… c’est très bien… Ah ! ah !… bon crottin… un peu sec… mais bon tout de même… bon, bon crottin…
Pour augmenter son trouble, je criais :
— Il n’y a plus d’avoine…
— Comment ? il n’y a plus d’avoine ?… vous en êtes sûr ?… Pourtant il doit y en avoir encore pour douze jours…
Et je grognais :
— Ah ! ah !… est-ce que M. le baron s’imagine que je la mange, son avoine ?
— Bien… bien… bien… Je me suis sans doute trompé… je vais écrire, aujourd’hui… Bon crottin…