cassé, très maigre, un peu gauche d’allures. Il paraissait doux et triste.
Le jeune garçon de douze ans avait un visage dur et joli, des yeux très beaux et méchants, une grâce souple et douteuse de courtisane. Il marchait avec une élégante aisance qui rendait plus timides, plus maladroites et – comment dirais-je ? – plus attendrissantes les manières du père. Car je fus convaincu que c’étaient le père et le fils, bien qu’il n’existât entre eux aucune ressemblance physique, aucune affinité morale.
Ils étaient en deuil : le père, tout de noir vêtu, comme un prêtre ; l’enfant, avec un simple brassard de crêpe noué sur la manche de sa veste de collégien.
Je n’eus pas le temps de les examiner en détail. Eux montaient la rue qui va vers le centre de la ville ; moi, je descendais au port, où je devais m’embarquer pour Belle-Île. Et puis j’étais occupé par cette idée que la chaloupe m’attendait, que l’heure de la marée pressait. Ils passèrent indifférents à mon regard, ils passèrent comme passent tous les passants. Et cependant, à les voir passer, je fus pris d’une mélancolie et presque d’une souffrance ; oui, une souffrance, je me rappelle. Je n’en aurais pu déterminer la cause. Du reste, je ne la cherchai point.
Souvent, dans les gares et sur les paquebots, et dans ces gares plus moroses que sont les hôtels des villes de passage comme celle où je suis, il