cette belle demoiselle-là… Bonjour, mademoiselle !
Mme Lechanteur examina Mathurine. Celle-ci avait un aspect avenant, propre, l’air doux, le visage souriant, les yeux un peu étranges et fuyants. Elle portait la coiffe des femmes d’Auray ; un petit châle violet couvrait ses épaules ; une coquette guimpe de lingerie ornait son corsage. Sans doute, l’examen fut favorable, car Mme Lechanteur demanda avec sympathie :
— Alors, ma fille, vous désirez entrer ici comme cuisinière ?
— Mais oui, madame… Avec une belle dame comme vous, avec une belle demoiselle comme ça, vous devez être de bons maîtres… Moi, j’aime les bons maîtres…
— Vous avez été, m’a-t-on dit, dix ans chez Mme de Créac’hadic ?
— Dix ans, oui, madame… une bien bonne dame… et très riche… et très jolie… Elle avait un râtelier en or… Elle le mettait dans un verre d’eau, le soir… C’était très joli, très riche… Une bien bonne dame… Madame a sans doute aussi un râtelier en or, comme Mme de Créac’hadic ?
— Non, ma fille, répondait en souriant Mme Lechanteur… Que savez-vous faire en cuisine ?
Mais les yeux de Mathurine étaient fixés sur le parquet, obstinément. Tout à coup, elle se baissa, s’agenouilla et ramena, au bout de ses doigts,